Un retour sur la difficile cohabitation entre médecins et guérisseurs
Séance animée par Thierry Lefebvre
Les conflits entre médecins diplômés et guérisseurs inspirent les cinéastes des années 1940-1950. La répression des guérisseurs, rendue possible par la loi du 30 novembre 1892, sort renforcée de la Seconde Guerre mondiale. L’Ordre des médecins, habilité à porter les plaintes devant les tribunaux, est institué en 1940. Et une ordonnance ministérielle de 1945 instaure la notion d' "exercice illégal de la médecine".
L’après-guerre est donc marquée par de nombreux procès, généralement très médiatisés. L’exemple de Maurice Mességué est particulièrement significatif. Il s’impose comme une véritable "star" de la médecine alternative, consultée par les têtes couronnées, les hommes politiques et les vedettes du show-business. La presse populaire, par exemple Le Parisien libéré et Détective, prend clairement le parti des guérisseurs, dénonçant l’"acharnement" des autorités médicales et prônant une coopération entre médecins et thérapeutes "alternatifs".
Les films présentés témoignent tous d’un semblable parti pris. Qu’il s’agisse du Guérisseur (Yves Ciampi, 1953), de Bonjour toubib (Louis Cuny, 1956), ou plus secondairement de La Fille aux yeux gris (Jean Faurez, 1945), ces longs-métrages de fiction reflètent très étroitement les débats et prises de position de l’époque.
Cette présentation re-situera les termes du débat des années 1940-1950, en mettant l’accent tout particulièrement sur le parcours emblématique de Maurice Mességué et sur son hypermédiatisation. Des extraits de films viendront illustrer différents aspects de la pratique médicale "alternative" d’alors : les consultations ; les thérapeutiques utilisées (magnétisme, radiesthésie, etc.) ; les chamailleries avec le corps médical ; et - bien entendu - les procès.
Thierry Lefebvre